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Inauguration d'un élevage de moustiques OGM contre la dengue au Brésil

Des moustiques "OGM" vont être produits au Brésil. Objectif: rendre ces insectes sauvages stériles pour empêcher la prolifération de la dengue. Leur commercialisation doit encore être approuvée.

Publié le 30 septembre 2015

Pour la première fois, des animaux génétiquement modifiés vont être élevés à grande échelle. Au Brésil, l'entreprise britannique Oxitec a ouvert mardi un élevage de moustiques dont l'ADN a été modifié pour les empêcher de proliférer.

La méthode retenue est nettement plus radicale que des journaux parfumés à la citronnelle : Oxitec produit des moustiques mâles qui peuvent s'accoupler avec des femelles sauvages, mais dont "la progéniture ne se développe pas en adultes fonctionnels", explique l'entreprise dans un communiqué . Soit une éradication en quelques générations.

Une éradication à 92% sur des essais à petite échelle

Les autorités brésiliennes n'ont pas encore validé la commercialisation de ces moustiques mais elle peut les intéresser. Environ un million de Brésiliens sont infectés chaque année par la dengue, une maladie qui provoque de fortes fièvres et qui est transmise par le moustique Aedes aegypti, également vecteur du chikungunya.

Oxitec, qui a déjà testé ses moustiques OGM dans d'autres régions, annonce que "dans la ville de Jacobina, au Brésil, nous avons réduit la population d'Aedes aegypti de 92% dans un quartier."

2 millions de moustiques modifiés par semaine

L'usine pourrait produire 2 millions de moustiques modifiés par semaine. Mais la méthode ne rassure pas tout le monde. Le journal scientifique Nature a publié récemment un article sur les moustiques, en estimant qu'ils n'étaient pas nécessaires à l'écosystème.

Cependant, comme le rappelle le site IFLScience, "estimer que l'organisme qui le remplacera dans l'écosystème sera moins meurtrier est un pari risqué".

Des ONG s'inquiètent également de l'impact de ces moustiques sur l'environnement. Mais puisque ces moustiques OGM sont, par nature, stériles, "il est peu probable que ce transgène diffuse largement dans la population sauvage de moustiques", a déclaré au Monde Yvon Perrin, entomologiste et spécialiste de l'espèce au Centre national d'expertise sur les vecteurs.